Atelier « Thèses de doctorat et devenir des docteurs » au colloque de l’ATRHE, 28 juin 2022
Le colloque international de l’Association transdisciplinaire pour les recherches historiques sur l’éducation (ATRHE) qui s’est déroulé les 27 et 28 juin 2022 à Lyon, s’était donné pour but de questionner les transformations de l’enseignement supérieur depuis le XIXe siècle. L’atelier « Thèses de doctorat et devenir des docteurs » a fait dialoguer trois intervenants sur l’histoire et les enjeux du doctorat ès lettres aux XIXe et XXe siècles.
“Le projet ès lettres : vers une socio-histoire des docteurs ès lettres” par Pierre Verschueren
Résumé de son intervention
Ès lettres est un projet d’étude et de valorisation des thèses de doctorat ès lettres soutenues en France au XIXe siècle. Au sein du système d’enseignement supérieur tel qu’il se (re)cristallise au courant du XIXe siècle le doctorat acquiert une importance spécifique dans les facultés des lettres, comme certifiant la capacité à produire des savoirs nouveaux et en même temps comme barrière et niveau régulant l’accès au corps universitaire. Ce titre se trouve ainsi à l’interface entre le système de production des savoirs scientifiques et le système de reproduction des élites intellectuelles, et constitue un observatoire de l’institutionnalisation des disciplines. Et pourtant, il reste très peu exploré par l’historiographie, par manque d’outils pour aborder une documentation à la fois massive et dispersée. Partant de ce constat, le projet vise tout d’abord à rassembler des informations relatives à ces documents, puis à procéder à la numérisation de ces thèses tout en préparant celle de documents qui leur sont associés (notamment les rapports de soutenance). Il s’agit en outre d’élaborer une bibliographie sur ces thèses, de constituer une base de données en ligne et reliée à des référentiels, et enfin de valoriser scientifiquement ces matériaux. Financé par le GIS CollEx-Persée, il est porté conjointement par mené par la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et le Centre Lucien Febvre (université de Franche-Comté), assistés d’une série de partenaires.
“Éléments d’archives sur les soutenances de thèses de philosophie en Sorbonne (1870-1940)” par Thibaud Trochu
Résumé de son intervention
La soutenance de thèse constitue depuis le XIXe siècle un rituel déterminant de l’entrée dans la carrière universitaire. Les archives qui en témoignent le mieux sont les rapports de soutenance que l’on trouve (pas systématiquement) dans les dossiers de carrière des enseignants (séries F/17 et/ou AJ/16 aux Archives Nationales). Or cette forme universitaire qui semble aujourd’hui canonique est encore rarement mise en perspective historique : quelles ont été les évolutions de la réglementation, des normes et des pratiques ? Quels acteurs et scripteurs étaient impliqués dans la formalisation de ces documents ? Afin d’en étayer l’histoire sociale et savante, quelles autres sources peut-on mobiliser ? L’hypothèse de départ est de questionner l’évolution des pratiques de la soutenance de thèse en s’écartant préalablement des normes contemporaines. Cette entreprise exploratoire s’inscrit de ce fait en collaboration avec le projet « Ès Lettres » (CollEx-Persée). Dans ce cas, il s’agira de porter la focale sur cette discipline universitaire bien codifiée et instituée dans la période qu’est la philosophie. Dans cette contribution, nous souhaitons présenter un certain nombre de pièces d’archives correspondant à plusieurs cas de figure : situations de controverse dans l’ordre et le partage des savoirs (Ribot 1873, Espinas 1877), rituel d’entrée de figures devenues classiques (Lévy-Bruhl 1884, Janet 1890, Durkheim 1893) et refus ou « raté » de soutenance (Palante 1907-1912, Planet 1936).
“Les thèses de doctorat ès lettres, soutenues en Sorbonne, et relatives aux périodes antique et médiévale, au miroir des comptes rendus de soutenance, des années 1930 à 1968” par Arnaud Desvignes
Résumé de son intervention prévue
L’étude approfondie et conjointe des comptes rendus de soutenance de thèses de doctorat ès lettres et des mémoires d’anciens docteurs et/ou professeurs offre l’opportunité de porter un nouveau regard sur l’évolution de la discipline historique et sur les conditions de travail des étudiants et des professeurs concernés. Nous analyserons en premier lieu les sujets choisis afin d’évaluer l’évolution de la part représentée par les thèses d’histoire, et plus particulièrement de l’Antiquité et du Moyen Age durant cette période. Il s’agit, par la même occasion, de présenter les critères de rattachement de telle ou telle thèse à telle ou telle discipline (surtout pour ce qui concerne l’histoire) tels qu’ils apparaissent dans les rapports du jury avant tout. En second lieu, nous présenterons les critères d’évaluation d’une bonne ou d’une mauvaise thèse qui se dégagent des rapports de jury ainsi que les différentes étapes et traits caractéristiques de la séance de soutenance. Nous évoquerons enfin les conditions de travail des futurs docteurs tant en ce qui concerne le traitement des sources, la rédaction que leur rapport au directeur de thèse.
A propos du colloque international de l’ATRHE : https://enseignemt-sup.sciencesconf.org/
A propos de l’ATRHE : https://www.atrhe.org/
Légende : Regina Mundlak, Halamdan (L’étudiant), 1er quart du XXe siècle, carte postale, impression photomécanique, 9 x 14 cm, Paris, mahJ, Fonds du musée d’Art juif de Paris/don de Mme Salzman, Inv. CP/0113.0953 © mahJ, https://mahj.org/fr/decouvrir-collections-betsalel/halamdan-l-etudiant-59353
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Lucie Lachenal (1 juillet 2022). Atelier « Thèses de doctorat et devenir des docteurs » au colloque de l’ATRHE, 28 juin 2022. ès lettres. Consulté le 19 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/oioo
